De l’effondrement des cours de la tulipe en 1636 aux 55000 milliards de dollars toxiques à éponger depuis 2008 : Les réalités d’une crise économique sous-estimée
Cet article est à but pédagogique visant faire prendre conscience de la mécanique d’une crise. Malgré la situation dangereuse actuelle, il est possible d’éviter la Bankrout universelle si on a la volonté de mettre en place les instruments de régulation nécessaire permettant de résorber l’endettement mondial. La crise mondiale cela représente 55000 milliards de dollars toxiques à rembourser (bien qu’une partie ait déjà été résorbée).
Les mécanismes de la crise
Les crises économiques sont des phénomènes empiriques basés sur des évolutions de cycles et sur les expériences du passé. Il est possible de mesurer et d’anticiper les crises selon des évolutions tendancielles et conjoncturelles. Cependant sur le plan théorique, l’apport de la démarche inductive de Juglar semble la plus appropriée au vu des évolutions.
Primo on observe une régularité des cycles économiques sur 10 années. Les cycles de Juglar ou plus communément appelés cycles d’affaires, se décomposent en trois phases successives : une phase de prospérité de 6 à 7 ans, une phase de crise de 1 à 2 ans ans et une phase de liquidation de 2 à 5 ans.
Sur un plan plus concret le déclenchement d’une crise ne viendrai pas des institutions bancaires mais bien d’un dérèglement du marché des affaires. Le point originel surviendrait d’une crise monétaire qui aurait des répercutions sur les marchés financiers et les marchés de changes, déclenchant ainsi une panique générale dans les affaires commerciales.
La crise monétaire est un phénomène de contagion général, qui se propage à l’ensemble des sphères de la finance dans une phase de prospérité. Le développement de l’économie se traduisant par l’accumulation du capital devient tel, qu’il en devient difficile de contrôler le niveau d’escompte et des avances. De manière plus générale, l’accumulation provoque un assainissement des circuits financiers, touchant de primes aux abords le système bancaire qui est le principal prêteur institutionnel. Peu à peu pour faire face aux afflux de la demande, les banques vont puiser dans les réserves métalliques jusqu’à diluer le circuit des billets en circulation en jouant sur le cout de l’argent via les taux de change et les taux directeurs notamment. Le risque devient considérable lorsque les dépôts et les comptes courants sont menacés. C'est-à-dire que les circuits financiers n'ayant pas pu répondre à demande, les banques vont être amenées à utiliser les dépôts bancaires et les comptes courants comme gages de sécurité. Le niveau de risque devient plus important et donc la moindre fluctuation peut faire basculer la mécanique.
Le basculement est inévitable et les écarts de spéculations deviennent dangereux. Dans une phase de prospérité, l’augmentation des activités du cycle d’affaire n’est pas souvent contrôlé pour des questions de déontologie liées au taux de rendements et au de profit, qui sont à l’origine de l’expansion des activités. Naturellement on assiste à une augmentation de la demande qui tend à s’accroitre simultanément à l’accumulation du capital. Mécaniquement les salaires et les prix seront stimulés à la hausse, engendrant ainsi une augmentation de la consommation de luxe. Mais la prospérité ne peut s’inscrire dans un continuum de développement exponentiel. Elle est confrontée aux mouvements de la demande mais également de la disponibilité des capitaux qui conditionnent l’investissement et l’état d’esprit des marchés. Peu à peu, les marchés financiers disposant de moins en moins de capitaux liquides, l’accroissement des revenus se feront sur l’augmentation du cours nominal des valeurs. Mais on parle d’un accroissement quasi exponentiel qui ne permet pas aux différents marchés d’absorber et de répondre à cette augmentation. L’augmentation artificielle de l’escompte deviendra une opportunité pour former des bulles spéculatives qui vont assainir les réserves métalliques et engendrer des profits surévalués proportionnels au niveau du risque. La crise monétaire puis financière, proviendrait donc des écarts de spéculations.
(Nota bene : Attention la spéculation est nécessaire pour réguler marchés, les taux changes et ajuster les disponibilités).
On en arrive donc à la crise commerciale. Les écarts de spéculations permettent à court terme de générer un taux de profit important grâce à un niveau de risque élevé (réf. Crédit Default Swap). Mais à moyen/long terme ce mécanisme peut rompre sous la fluctuation de la demande. Rappelons que les crises commerciales permettent le développement de la grande industrie. La crise monétaire touche l’ensemble des marchés par un phénomène de contagion. D’un côté, on retrouve une catégorie ayant un ratio d’endettement proche du point de rupture et qui bien évidement seront les premiers touchés. De l’autre les acteurs disposant de capitaux pour s’autofinancer dans une dynamique d’expansion. Les banques et les prêteurs institutionnels doivent donc répondre à la demande de ces deux catégories, en finançant le déficit par les intérêts en cours et les comptes courants. L’accumulation du capital par l’expansion économique va devenir tellement importante que ces prêteurs ne seront plus en mesure de répondre à la demande. En conséquence les taux d’intérêts vont augmenter, les dossiers seront refusés par les banques et une incertitude générale chez les investisseurs va s’installer. (Nota bene : Les banques permettent dans un premier d’atténuer les crises en diminuant l’offre de crédits). Il est donc extraordinaire de constater comment un excès d’enthousiasme des marchés peut se transformer en une panique généralisée. C’est ce comportement psychologique des marchés des affaires qui entrainerai son effondrement. Les investisseurs paniquent, se retirent en liquidant leurs portefeuilles et l’activité globale par ce fait s’effondre. La machine infernale provoque donc l’effondrement des marchés, les faillites se généralisent et jusqu’à générer un chômage de masse.
La prospérité en cause …
La période de prospérité apparait comme glorieuse. Tout investisseur ou tout expert financier qui serait amené à être alarmiste quant au comportement des marchés serai perçu comme fou aliéné et mériterait d’être enfermé sur l’Ile de Saint Hélène… Mais la réalité en est tout autre. L’excès d’enthousiasme créé un sentiment d’euphorie qui conduit à une accumulation exponentielle du capital. Mais quand la situation va bien, personne n’en viendrait à vérifier jusque où nous serions capables d’investir… Bien sur personne n’y penserait car la prospérité pond de l’or qui lui-même fait des petits… La situation parait idéale, l’économie se développe et les secteurs se pérennisent. Mais à moyen terme lorsque l’économie se retrouve confronté à un nouveau stade de développement, et bien, les apporteurs ne sont plus en mesure de répondre à cette nouvelle demande qui pour eux est inattendue et génère un besoin de financement conséquent. Les besoins de commerce augmentent tandis que l’immobilisation du capital/épargne devient insuffisante. En conséquence pour éviter un déséquilibre de cette équation tout en répondant à la demande, on va faire en sorte de diluer les portefeuilles et ainsi augmenter leurs volumes pour générer plus de capital. Bien sur ce n’est pas sans conséquences, les réserves métalliques seront davantage mobilisées et banalisées en instruments d’échanges massifs. Bien sur cette situation ne peut durée indéfiniment au risque de créer une situation de Bankrout... Les banques se prémunissent donc, en augmentant le taux d’escompte et en réduisant les offres de crédits. Une inquiétude générale s’installe dans les affaires et va conduire à une liquidation généralisée des portefeuilles. On observe une dépréciation globale des actifs augmentant le risque de faillites et de suspensions. Dans cette mécaniques le niveau d’activité globale diminue, les taux d’intérêts deviennent défavorables, les prix sont fortement volatiles, la consommation s’effondre et … la crise commerciale survient.
Au travers de cette analyse nous avons démontré que la crise ne provient pas au départ, des banques mais des écarts spéculatifs. Dans l’évolution naturelle de l’économie les crises sont des vecteurs de relances pour la grande industrie et permet de rééquilibrer les indicateurs financiers. Les banques quant à elles, ont un rôle primordial dans l’atténuation des effets de la crise en diminuant l’offre de crédits. Malgré la récurrence des cycles et des crises, il en convient de rester attentif sur la crise et les réalités des années 2000. Certes cela fait plus 300 ans que l’on est capable de surmonter les crises. Mais en 300 ans, les crises ont majoritairement étaient locales et régionales notamment avec le Krach de la Tulipe à Amsterdam en 1636 ou il était plus facile de relancer la machine. Il faut noter que la crise de 2008 provient de la déréglementation des marchés en 1997 avec la légalisation des Credit Default Swap et la fragilisation de la première économie mondiale, le 11 septembre 2001, à savoir aux Etats Unis. La crise actuelle n’est qu’une phase de ce que l’on pourrait appeler la BANKROUT UNIVERSELLE. Pour illustrer la chose, après 3 ans de crise il reste encore 4,3 millions de maisons qui font l’objet d’impayées. Ce qui équivaut à une moyenne de 200 000 dollars par maisons, soit 860 milliards de dollars qui peuvent à toute inflexion de la conjoncture, engendrer l’effondrement d’une partie du système bancaire mondial.
Donc derrière les annonces politiques de stabilisation, le système économique reste fragile même si on peut reconnaitre les efforts de la communauté internationale pour résorber cette crise.
Thomas B